Parmi les personnalités qu’attira alors chez elle la Bibliothèque Nationale, mentionnons l’un des plus grands savants en latinité, Dom Wilmart, mort malheureusement trop tôt, Mgr Devreesse « Scriptor Fraecus » à la Bibliothèque Vaticane, le savant le plus érudit dans le domaine des manuscrits grecs, qui fut mis à la tête du Département des Manuscrits, M. G. de Van, jeune musicologue qui avait effectué ses études d’histoire musicale dans les grands centres d’Europe (en particulier Rome, Berlin, Strasbourg, Paris…).
Grâce à ces savants l’occupation ne marqua pas pour la Bibliothèque Nationale une période de stérilité, mais au contraire de fécondité redoublée. Tandis que continuait la publication des catalogues commencés, le Catalogue du fonds de la Révolution était activement poussé (M. Walter), un catalogue du fonds Khmer commencé, le catalogue du fonds Coislin (manuscrits grecs) rédigé et en cours de publication, les catalogues musicaux entrepris selon des méthodes originales et modernes. La revue « Sources », créée à cet effet, tenait le public cultivé et les cercles techniques au courant de ces efforts et de ces résultats, qui ne contribuèrent pas médiocrement à faire respecter nos fonds et notre maison par les autorités d’occupation.
Quelques concerts de musique du moyen-âge, des expositions de nos récentes acquisitions, des expositions spéciales consacrées à des anniversaires ou jubilés littéraires, enfin l’exposition annuelle des peintres-graveurs, maintinrent utilement le contact entre la Bibliothèque Nationale et les milieux lettrés. Nous évitâmes toutefois avec soin les manifestations éclatantes afin de n’avoir point à recevoir chez nous les hautes autorités allemandes (ni M. Abetz, ni le Général de Stülpnagel, ni le Général Schaumburg, ni le Général Oberg ne vinrent jamais à la Bibliothèque Nationale). Ceux des Allemands qui vinrent - et que nous n’avions aucun moyen d’empêcher de venir dans le lieu public qu’est la Bibliothèque Nationale, vinrent en amateurs et pour des raisons techniques. Ils firent ensuite une propagande qui fut fort utile à la Bibliothèque Nationale, ses fonds et son personnel.
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