Pour obtenir ces résultats, et d’autres analogues que je n’ai pas la place d’énumérer ici, il fallait maintenir et développer le prestige de la maison. Trois procédés, dans les circonstances où nous nous trouvions, devaient être efficaces: la création ou le développement de services originaux, le choix de techniciens nouveaux et reconnus qui en imposent à l’occupant, des manifestations artistiques et bibliographiques bien choisies.
La « Bibliographie de la France » fut refondue afin de donner, de la façon la plus complète et la plus prompte, la liste de tous les ouvrages parus en France, et de tous les objets et livres entrant à la Bibliothèque Nationale. Grâce à une nouvelle loi sur le Dépôt Légal, nous obligeâmes les éditeurs et imprimeurs français à fournir à l’Etat des renseignements plus rapides, plus détaillés et plus exacts sur toutes leurs publications, et à remettre 7 exemplaires au lieu de 2. L’objet de cette mesure fut de créer une vaste réserve pour organiser l’échange des livres français avec les livres étrangers, et permettre ainsi à la Bibliothèque Nationale, quelles que soient les variations des changes, de compléter ses fonds étrangers, malheureusement fort pauvres pour le 19e et surtout le 20e siècle. Dès l’été 1943 des négociations furent amorcées avec la Bibliothèque du Congrès de Washington, par le canal de l’Ambassadeur des Etats-Unis à Madrid, pour organiser cet échange entre la France et les Etats-Unis. L’atelier de reliure fut considérablement augmenté, son caractère artistique fut précisé grâce à l’adjonction de dessinateurs spécialisés. Ainsi la Bibliothèque Nationale pouvait, tout en réparant avec un soin croissant les reliures anciennes qui lui appartiennent et qui constituent un trésor inappréciable mais fragile, faire confectionner pour elle ou pour tout personnage que le Gouvernement désirerait, des reliures admirables. Enfin, en devenant un centre technique de reliure, elle rendait service à cette profession artistique - qui est un des fleurons de l’artisanat français - et qui doit devenir une ressource importante de son commerce national et international. Il ne faut pas oublier non plus l’intérêt qu’il y a pour la Bibliothèque Nationale à être en bons termes avec les relieurs d’art et les collectionneurs de reliures. C’est une des façons les plus sûres de s’attirer des dons. J’ajouterai que, grâce à cet atelier, nous pûmes au printemps 1944 procéder à la récupération des trésors de la bibliothèque de Chartres incendiée.
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